Anecdote du mois d'Août sur une partie de pétanque.​
Le coup de chaud de Marcel :
C'était un après-midi écrasant d'août, le genre où l'air vibre au-dessus du bitume et où même les oiseaux semblent chanter au ralenti. Sur le boulodrome du petit village de Saint-Berthevin, Marcel, la soixantaine bien tassée et la peau tannée par des années de soleil Mayennais, était en pleine partie de pétanque acharnée contre son ami, Henri.
Marcel, réputé pour sa précision chirurgicale et son caractère bien trempé, avait le point. Il ne restait qu'une boule à jouer pour Henri. La tension était palpable, les mouches elles-mêmes semblaient avoir suspendu leur vol. Marcel, sûr de son coup, fanfaronnait déjà, un sourire narquois aux lèvres. "Alors Henri, tu vas enfin admettre que le maître, c'est moi ?" lança-t-il, un brin provocateur.
Henri, imperturbable, mesurait la distance, les yeux plissés par la réverbération. Il lança sa boule avec une douceur déconcertante. La boule roula, hésita, puis, comme mue par une force invisible, vint se coller juste devant la boule de Marcel, prenant le point d'un millimètre.
Le silence fut total. Marcel, d'abord incrédule, écarquilla les yeux. Son teint, déjà rouge sous l'effet de la chaleur, vira au pourpre. Il resta là, pétrifié, sa casquette vissée sur la tête, la bouche entrouverte. Puis, sans un mot, il se pencha lentement, ramassa sa boule, et, sous le regard amusé des quelques spectateurs et le rire franc d'Henri, il murmura : "Bon sang, il fait trop chaud pour jouer aujourd'hui, j'y vois plus rien !" Et il s'éloigna, prétextant une envie subite d'aller chercher de l'eau fraîche, laissant Henri savourer sa victoire sous le soleil d'août. La légende raconte que Marcel n'a pas reparlé de pétanque à Henri pendant une semaine entière.